• LA RESTAURATION DES PHOTOGRAPHIES
    1. Le diagnostic ou le constat d'état d'un document
      • C'est la première étape : il a pour but d'identifier le procédé et de recenser les altérations. Celles-ci se distinguent en trois types principaux : physiques (saleté, gondolement, rayures, déchirures, soulèvement d'émulsion, ...) chimiques (décoloration, sulfuration, ...) et biologiques (moisissures, insectes...).
      • Plaques altérées
      • Le restaurateur peut rarement intervenir sur les altérations chimiques qui sont généralement irréversibles. Par exemple, une photographie en couleur qui perd sa vivacité ne peut les retrouver par un processus chimique quelconque. Le seul cas envisageable concerne les daguerréotypes oxydés sur lesquels un traitement électrolytique est possible à certaines conditions (absence de décollement de la couche d'argent et absence de colorants de retouche).
    2. Le traitement de restauration
      • Selon le procédé, le traitement sera variable, mais on peut énoncer un processus général. On commence avant toute chose par un nettoyage puis on peut procéder aux autres interventions nécessaires : mise à plat (pour des photographies gondolées), consolidations et comblements de lacune pour des photographies déchirées (doublage, retouche etc.)
    3. Le conditionnement direct
      • Il permet de stabiliser physiquement le document et d'améliorer sa protection contre les polluants atmosphériques. Il peut être très simple. Le document est placé dans une pochette et une boîte confectionnées avec des matériaux conformes aux normes de conservation. Cependant il peut être poussé un peu plus loin.
      • En plus de la boîte et de la pochette, le document est monté. Différents montages sont possibles mais le plus simple se fait généralement sous un passe-partout réalisé avec deux morceaux de carton de conservation. La photographie est montée sur le carton de fond à l'aide d'une charnière en papier japon encollée avec une colle de conservation et la fenêtre biseautée vient recouvrir la photographie partiellement sur les bords.
      • Ainsi elle est protégée contre le contact direct des mains (les manipulations malencontreuses sont des causes très importantes de dégradrations) et contre le contact direct d'une vitre d'un cadre en cas d'exposition. Cet aspect est primordial en cas d'apport excessif d'humidité où la gélatine se met à gonfler et peut se coller à la vitre de façon destructive.
  • LA CONSERVATION PRÉVENTIVE
    • Un diagnostic des conditions environnementales permet de mesurer les facteurs dégradants pour les photographies et de donner des conseils pour les améliorer. On s'intéresse à la lumière, la température, l'humidité relative et la pollution.
        Plaque dans une enveloppe
      1. La lumière
        • Les photographies font partie des oeuvres les plus fragiles. L'effet destructeur de la lumière est accumulatif et irréversible. Des faibles intensités sont préconisées (typiquement 50 lux) et si possible une protection contre les UV doit être appliquée entre les sources lumineuses et la photographie.
      2. La température
        • Plus la température est basse, plus les réactions de dégradation sont ralenties. Les températures de longévité maximales se situent en dessous de 0°C. Il existe des chambres froides pour des collections volumineuses ou des unités plus petites comme des congélateurs pour des fonds restreints.
        • En tout cas, si l'on décide de mettre en application cette solution, il faut savoir que lorsque la photographie retourne à des conditions climatiques normales, le processus de dégradation recommence. Ainsi l'acquis de longévité peut se perdre rapidement.
      3. Le taux d'humidité relative
        • c'est le rapport entre la masse de vapeur d'eau contenue dans l'air et la masse d'eau que contiendrait le même volume à saturation. Il est lié à la température. Il augmente lorsque la température baisse et inversement. Pour une bonne stabilité physique et chimique, le taux d'humidité relative doit se situer entre 40 et 50 %.
        • Lorsque les photographies sont conditionnées au froid, ce taux est abaissé artificiellement par des extracteurs (cas des chambres froides) ou il s'abaisse naturellement lorsque le document occupe un petit volume. En effet, si la photographie est emballée de façon ajustée et hermétique, l'air environnant occupe un volume restreint. La quantité d'eau présente dans l'emballage peut être partiellement absorbée par la photographie qui est constituée majoritairemnt de matériaux hygroscopiques (notamment la gélatine) et se stabiliser à un taux convenable sans risque de condensation.
      4. La pollution
        • Elle regroupe de très nombreux composés plus ou moins nocifs et dégradants pour les photographies. Elle peut provenir de l'atmosphère extérieure qui contient des gaz polluants divers et des composés acides ainsi que des matériaux utilisés pour la construction des bâtiments (mousses et résines synthétiques, bois...) et du mobilier, des contenants directs (comme les boîtes photographiques d'origine en carton acide) et de l'activité humaine elle-même (transpiration, fumée de cigarette, les produits d'entretien...).
        • C'est pourquoi Il est important de renouveler l'air et de le filtrer. Il faut veiller aussi à ce que le mobilier de rangement soit réalisé avec des matériaux approuvés (aluminium, métal peint, polypropylène, etc.) et que les documents soient rangés dans des pochettes et des boîtes confectionnées avec des matériaux inoffensifs et adaptés (papier neutre, polyester et autres plastiques spécifiques).
    • Une photographie est fragile. Comme toute chose, elle est vouée à disparaître plus ou moins rapidement. Le restaurateur ne fait pas des miracles. Il a pour fonction de non pas la stabiliser complètement mais de lui apporter les meilleures conditions environnementales possibles et augmenter de ce fait sa longévité pour les générations futures.
    • C'est pourquoi la phase de reproduction par contretypage (copie de l'original sur un support très ressemblant) ou par une numérisation est une action très importante. Elle vient compléter l'action du restaurateur en sauvant les données d'un document et elle permet sa diffusion sans y toucher directement.